Une Europe de la Défense pour défendre quoi ? (mars 2025)
Merci à Vladimir Poutine et à Donald Trump d’avoir offert l’occasion à Volodymyr Zelenski de s’opposer à
eux et de défendre le droit des peuples à décider pour eux-mêmes au mépris de la loi du plus fort et à
donner au monde une leçon de dignité.
Ainsi, les pays de l’Europe continentale et politique se trouvent dans l’obligation de s’interroger sur la
poursuite d’un éventuel destin commun.
Privés de l’assurance de pouvoir bénéficier désormais du bouclier américain et de partager les mêmes
intérêts vitaux, les responsables de ces pays se mobilisent pour constituer une Europe de la Défense. Soit.
Pour défendre quoi ?
La rhétorique développée parle plutôt de se défendre contre : contre le lâchage des USA et contre les
ambitions territoriales de la Russie.
Je ne suis pas certain que cela suffise pour mobiliser l’opinion publique ni pour décider des citoyens à se
faire trouer la peau. Je ne vois pas de manifestations de masse dans nos capitales ni la création de brigades
internationales pour soutenir dans un premier temps les troupes Ukrainiennes.
Or, au-delà de l’augmentation des crédits militaires, il n’y aura pas d’Europe de la Défense sans
mobilisation d’une partie importante de la population ; population qui se sentirait peut-être plus concernée
si elle était appelée à défendre l’Europe pour « quelque chose » plutôt que contre.
Beaucoup d’Européens sont-ils prêts à se faire tuer pour la survie d’une Europe néolibérale, marchande,
chantre de la privatisation au nom de la libre concurrence, ou qui recule face aux affairistes à courte vue
en matière de climat, de biodiversité, de santé publique, d’éducation, de protection sociale, de démocratie
et de liberté ?
Au risque de faire bondir, je vois peu de différences, à quelques nuances près, certes importantes mais
sans doute insuffisantes, entre cette Europe-là et le modèle de vie et de développement porté, chacun à sa
manière, par les trois États mafieux qui dominent aujourd’hui le monde : Chine, États-Unis et Russie.
Ces trois-là, en dépit de façades idéologiques différentes, symbolisent la même union entre le politique et
la Tech, entre le libéralisme et l’autoritarisme, au profit de l’enrichissement de quelques-uns.
Les trois s’appuient sur les outils de la Tech et les médias pour mentir et lutter contre le savoir, réécrire
l’histoire, s’enrichir, exploiter et contrôler les populations. Ils revisitent aussi les procédures démocratiques
à leur profit et remettent en cause l’État de Droit et les règles internationales.
Si les pays européens, ensemble et séparément, ne développent pas un autre projet mais au contraire
embrassent plus ou moins volontairement la même vision que ces trois-là, alors il n’y a pas lieu de gâcher
tous ces milliards consacrés au réarmement et encore moins de risquer sa vie.
La France, par exemple, qui, à travers son Président, peut apparaître comme le champion du réarmement,
accumule par ailleurs des signes inquiétants : dès 2017, le Président Macron souhaite faire de la France
« une start-up nation » au bénéfice de la Tech ; depuis son élection, les caméras de surveillance, y compris
à reconnaissance faciale depuis les JO de Paris, comme en Chine, et les dispositions sécuritaires
liberticides se sont multipliées ; il négocie la construction sur notre territoire de gigantesques
Datacenters ; il promeut l’Intelligence Artificielle ; il commande la construction de nouvelles centrales
nucléaires, en vérité pour alimenter ces nouvelles technologies énergivores. En 2024, il ne respecte pas la
démocratie lorsqu’il met plusieurs mois pour nommer un Premier ministre ou qu’il refuse de nommer un
Premier ministre issu de la coalition qui a remporté les élections. Et que dire de gouvernements qui
abusent des ordonnances ou de ministres qui remettent de plus en plus souvent en cause le fonctionnement
de la justice (Messieurs Darmanin et Retailleau) ou désignent les émigrés comme boucs émissaires. Enfin,
plusieurs dirigeants français répètent qu’il sera désormais impossible de financer la Défense Européenne
en même temps que l’État-providence.
Est-ce bien ce projet de société que nous voulons défendre ?
Ou n’y a-t-il pas plutôt l’opportunité pour les pays européens et l’UE à reprendre le récit d’une identité
historique commune et singulière porteur d’espoir ?
Le vieux continent partage une culture commune à partir de la Renaissance, fondée sur l’apparition de la
science, la circulation des savoirs, le développement des techniques et la lutte contre le dogmatisme de
l’Église catholique.
Cette culture a produit ce qui est appelé l’Humanisme, qui a pour but l’autonomie de l’humain et la lutte
contre toute forme d’aliénation. Elle a aussi conduit à la création de l’État de Droit et à la Déclaration des
Droits de l’Homme.
Je ne crois pas que cette ambition soit obsolète. Bien sûr, il n’y a plus à lutter contre la vision du monde
portée par l’Église catholique mais il y a d’autres pensées uniques, et même des fake news, à combattre.
C’est que, comme le note le philosophe français du XXe siècle Gilbert Simondon : « chaque époque doit
découvrir son humanisme, en l’orientant vers le danger principal d’aliénation. »
Aussi je propose que les principes fondamentaux de l’Union Européenne et des États membres soient la
lutte contre toute aliénation de l’humain et la réaffirmation de l’État de Droit, et non plus simplement des
considérations économiques liées au libre-échange ou la copie du modèle de la civilisation porté par la
Tech.
Tous ensemble, nous avons à promouvoir ce qui peut tempérer notre aliénation : l’éducation et les
sciences, la lutte contre le changement climatique et la pollution, la limitation de la croissance sauvage, la
protection du vivant, le débat démocratique, la libre création culturelle non formatée et la remise en cause
de la dématérialisation de notre société.
Qu’est-ce qui met objectivement en danger l’Humain aujourd’hui ?
La marchandisation à outrance de tout ce qui existe, y compris le corps humain ; le changement
climatique ; le pillage des ressources naturelles ; la remise en cause de la science ; la désinformation de
masse ; les attaques contre les institutions judiciaires et l’amoindrissement du libre arbitre.
Or les trois monstres qui dominent le monde, unions du libéralisme et de la Tech, veulent imposer un
modèle de civilisation où tout se vend au profit d’une élite, où le climatoscepticisme domine, où
l’environnement n’est pas à protéger, où les scientifiques sont censurés, où les fake news prolifèrent d’une
manière incessante, où l’individu est désincarné et devient une ressource parmi d’autres, ou le dialogue
social est étouffé, où les règles démocratiques sont remises en cause et les juges discrédités. Quels sont les
instruments qui facilitent cet anti-humanisme ? Les outils numériques.
J’ai dénoncé ces dangers dans un texte, « Peau double », réédité en 2023 aux éditions Ex-Aequo.
Le Net est devenu le nouveau far-west : absence de règles, pillage des données au profit de Trusts plus
puissants que les États, politiques monopolistiques, inféodation des gouvernements complices et des
populations manipulées, règne de la loi du plus fort, disqualification du débat démocratique,
manipulations de masse, désinformation et vecteur d’une surconsommation débridée.
L’UE a imposé quelques timides régulations, condamnées par Trump, mais ça ne suffit pas.
À chaque clic, j’enrichis les GAFAM, je consolide la Technoligarchie mondialisée et je perds du libre
arbitre. Je suis donc complice, plus ou moins à mon insu, du nouvel ordre international. Si la liberté, c’est
le choix, alors à chaque fois que je laisse un algorithme choisir à ma place, je suis aliéné davantage.
Depuis l’élection de Trump, même aux USA, des mouvements de consommateurs s’organisent pour
boycotter les Tesla ou des produits américains. Il me paraît plus efficace et plus simple d’utiliser chaque
jour le moins possible, ou plus du tout, les outils numériques. Les États européens devraient nous aider en
arrêtant la dématérialisation des administrations qui nous oblige, pour défendre nos droits ou faire face à
nos obligations, à utiliser ces outils. Je gage que les GAFAM et les monstres qu’ils engendrent
s’écrouleraient vite : sans données à revendre leur modèle économique s’effondre.
Pour paraphraser Sartre, nous n’avons jamais été aussi libres que sous la domination de la Tech : si je
clique, je collabore ; si je ne clique plus, je résiste.
Et résister de cette manière pourrait nous épargner une guerre en faisant tomber Trump et ses alliés.
Alors, clic ! Ou pas clic ?
Willerval, auteur.
(septembre 2023)
Les Restos du Coeur crient au secours !
Les médias s’emballent :
Chic ! Une occase de faire du spectacle autour de la générosité publique au service surtout
de la bonne conscience générale !
Les Restos du Coeur et les autres, Secours Populaire, Secours Catholique, Emmaüs, Petits Frères des Pauvres
Et toutes les autres assos caritatives ne se trouvent pas en difficulté parce qu’elles manquent de fric, mais parce qu’il y a trop de pauvres !
Qu’ils se cassent ailleurs, ces pauvres, font chier !
Ah, ils sont d’ici ?
Plus de 50 % de la population française déclare avoir du mal à boucler les fins de mois et sautent des repas de temps en temps alors que le chômage n’a jamais été aussi bas !
Pourquoi ?
Les hommes politiques sont responsables ?
Changeons-les !
C’est pareil ?
Forcément ils sont tous biberonnés aux mêmes concepts promus par les chantres du néo-libéralisme, captifs des lobbyes, des amis à Rolex, et des propriétaires de capitaux.
Alors, luttons contre le néo-libéralisme.
Comment ?
T’as vu les manifs étouffés sous les claques des flics ?
Une grève du clic !
Tu te déconnectes.
Tu captes ?
Pour que le virtuel tombe en ruine
Et ne reste que le réel : ceux qui bouffent au milieu de ceux qui ont faim.
Et comment il est alors facile de partager.
Chic !
WILLERVAL, auteur.
Partageons nos rêves. (septembre 2022)
Je dis. Non, je ne dis pas. Si je dis, on discute, ou plutôt on se dispute, au mieux. Quand je dis, le plus souvent tu ne m’écoutes pas. On ne dialogue pas, on soliloque à tour de rôle. Nos lèvres s’agitent et nos paroles s’envolent pour rien. Ne valent rien. Qu’est-ce qu’on en sait pour vouloir dire ? On est expert en quoi ? Dis-moi ? Écoute ceux qui savent, et opine. C’est ça l’opinion publique : répéter ce que disent ceux qui savent.
Je pense. Tu penses ? Tu penses ! Mais qui es-tu pour oraliser tes pensées ? Tes réflexions ? Tes convictions ? Tu es juste bon à tchatcher sur le Net, à enfler le flux des interjections-déjections !Tu dis ? Tu oses dire ? T’as fait quoi comme étude ? T’as lu quoi dans ta vie ? Tu viens d’où, là ?Ta voix, ta voix. On s’en fout, de ta voix ! Tu la déposes dans l’urne et tu retournes au boulot, au bistrot, au dodo ! Aux réseaux sociaux, le dit ! Au complot, le contredit !
Quoi, la démocratie ? Tu as déjà le droit de vote. Qu’est-ce que tu veux de plus ?Mais tu as entendu dire que la démocratie électorale ne suffit plus à légitimer les décisions des gouvernants. Tu constates la démobilisation des citoyens, les campagnes électorales qui intéressent faiblement la population, et une abstention majoritaire.
Il est vrai que même des dirigeants ressentent le besoin de faire participer davantage les citoyens aux décisions et annoncent différents dispositifs qui ne pourront sans doute pas mobiliser davantage de monde…
Ce qui fait défaut, ce n’est pas forcément d’être plus nombreux à participer au processus décisionnel.Ce qui manque, c’est de faire se rencontrer nos aspirations individuelles à un destin commun enviable par tous, ou au moins par le plus grand nombre : retrouver du sens à notre existence et relever le défi de l’avenir qui s’annonce.
La démocratie est un outil que se donnent certaines civilisations pour lutter en commun contre la violence entre membres et fonder une vision commune de l’avenir et du Bien. Elle se base sur des valeurs qui dépassent les intérêts particuliers.
La démocratie, c’est l’accueil de l’autre pour un avenir commun.
L’être humain est d’abord un récit. Le monde des humains se construit par la parole. Le partage de la parole est nécessaire pour partager un même monde. La parole construit des récits communs et aide chaque individu à trouver sa place, tout en étant coauteur du récit. Si chacun ne trouve pas l’espace pour exprimer et partager ses préoccupations et ses attentes, alors, c’est une minorité qui s’approprie le récit commun et l’impose à tous.
Parfois la raison, nourrie de démonstrations extérieures, n’entend plus nos aspirations profondes. Mais des rêves nous habitent.
Chacun rêve, et chaque rêve est légitime. Mon rêve vaut le tien. Quels que soient nos modes de pensée, nos cultures, notre niveau d’étude et nos habiletés langagières, nous rêvons.
Mêlons nos rêves en les faisant résonner dans l’espace public. Partageons nos rêves : les rêves, c’est ce qui transforme le réel en un espace à vivre ; à vivre mieux ; à vivre bien. Leurs échos tisseront à terme un idéal commun qui mobilisera notre énergie.
Ouvrons des espaces et des moments réguliers où chacun peut raconter ses rêves. Nul doute que ces expressions multiples mais partagées nourrissent un récit polyphonique harmonieux et commun.
Les artistes sont des accoucheurs de rêves. Les artistes, jongleurs de mots, savent capter leurs rêves pour produire ce qu’ils créent et raconter d’autres possibles.
Qu’ils mettent à disposition leur art et leurs lieux pour favoriser partout l’expression des rêves de chacun. Qu’ils aident ceux, qui en ont besoin, à rêver à voix haute. À voix libre. Qu’ils tissent au-dessus de nos cités des filets pour retenir nos rêves et nos voix d’humains réhabilités, désireux de vivre ensemble, malgré l’exploitation de nos individualismes par les mercantiles.Vivons ensemble de jubilatoires rêves-parties.
WILLERVAL, auteur.
Les lumières et la nuit. (mars 2022)
Ce 2 mars 2022 au soir, le Président Macron a dénoncé l’agression de l’Ukraine par la Russie ainsi que la responsabilité personnelle du dirigeant Russe Poutine, et il s’est présenté comme l’un des défenseurs d’une démocratie partout en danger. Depuis, il a fait acte de candidature aux prochaines présidentielles.
Oui, partout la démocratie est en danger, pour des causes communes, et non, le Président Macron, comme beaucoup d’autres, n’est pas tout à fait l’un de ses défenseurs les plus acharnés.
Cette alerte ne se veut pas partisane mais un simple appel : la démocratie ne s’use que lorsque les citoyens se désengagent et ne se résume pas à l’organisation régulière d’élections libres.
L’agression contre Ukraine aujourd’hui l’illustre à sa façon.
Si Poutine est seul responsable du déclenchement de la guerre, qui est responsable du fait que Poutine dirige la Russie depuis si longtemps, quoiqu’il fasse de contraire au Droit (assassinats et emprisonnements d’opposants et de journalistes, guerre en Tchétchénie, annexion de la Crimée, bombardements de la Syrie, …) ?
Chaque citoyen russe qui a contribué au maintien de Poutine au pouvoir.
Tous les dirigeants de la planète qui se sont succédé face à lui sans réagir.
Tous les citoyens des pays de la planète qui ont permis à leurs dirigeants de ne pas réagir face à Poutine.
Nous.
Moi.
À chacun sa part. Nous sommes tous devenus des faiseurs de Poutine. Et des autres.
Et donc non, cette guerre en Ukraine n’est pas une tragédie contre laquelle on ne pourrait rien, au sens cornélien du mot, un événement extérieur qui s’imposerait aux hommes.
Elle est le produit d’une faillite démocratique.
Chaque être humain qui interroge la complexité du monde dans lequel il évolue et exprime les contours du monde nouveau dans lequel il souhaiterait vivre est une flamme qui repousse les ténèbres.
Moins il y a de flamme et plus la nuit s’obscurcit.
S’il y a eu un Siècle des lumières, s’annonce le siècle de la nuit.
C’est de ce Siècle des lumières qu’en France est née la lutte contre l’obscurantisme et les dogmes religieux qui empêchaient les hommes et les femmes de penser.
Pour cela, nos prédécesseurs se sont dotés d’un outil, la laïcité.
La laïcité, ce n’est pas, contrairement à ce que fait mine de croire notamment le Président Macron, une arme contre le fait religieux. C’est un instrument qui vise à empêcher le triomphe sur les esprits de tout cléricalisme, c’est-à-dire la domination d’une idéologie.
Objectivement, ce ne sont pas les intégrismes religieux qui aujourd’hui malmènent le plus nos capacités de penser. Depuis la chute du mur de Berlin, c’est l’impossibilité de remettre en cause l’économie libérale et ses lois soi-disant souveraines qui immobilisent notre capacité à penser et favorisent notre sentiment d’impuissance.
Comment, de notre position de citoyen lambda, pouvoir embrasser d’un coup ce monde globalisé ?
Cette incapacité à penser est renforcée par la dématérialisation croissante du monde.
D’abord parce qu’elle multiplie les divertissements facilement accessibles (réseaux sociaux, plates-formes vidéo, échanges numériques, télés…) qui mobilisent « le temps de cerveau disponible » ; parce qu’elle favorise l’assouvissement des désirs par une surconsommation instantanée ; parce qu’elle réduit considérablement notre autonomie (obsolescences programmées des matériels, mises à jour automatiques imposées, utilisation des moteurs de recherche qui rend le savoir superflu et amenuise notre mémoire, réduction de notre libre arbitre par la multiplication des applications chargées de nous faciliter la vie) ; et parce qu’elle nous habitue à une pensée binaire puisqu’il ne s’agit plus que de choisir entre 0 ou 1, oui ou non, j’aime ou j’aime pas… C’est oublier que les mathématiques démontrent qu’il existe une infinité de nombres entre le 0 et le 1 et que la philosophie nous explique qu’il y a une multitude de nuances entre le oui et le non, le j’aime ou j’aime pas.
Toute tentative de simplifier le monde est d’essence totalitaire.
En France et dans une grande partie de la planète, depuis des années, la peur encore paralyse notre raison : la répression accrue des comportements considérés par les gouvernants comme incivils ou protestataires, la violence des propos échangés sur les réseaux sociaux et leurs débordements moins virtuels, la multiplication des fake news, les attentats, le terrorisme, la pandémie et maintenant cette guerre en Europe avec la menace nucléaire brandie par le dirigeant Russe nous insécurisent. La théorie du grand remplacement aussi réveille les nationalismes les plus nauséabonds et promeut le repli sur soi.
Or, les neurosciences nous apprennent qu’en cas de fortes charges émotionnelles telles que l’angoisse, seule la partie basse du cerveau, dit « reptilien » parce que spécialisé dans les réactions primaires liées à la survie, est irriguée et donc fonctionne à plein régime contrairement aux autres zones. La peur inhibe la pensée. Il n’y a donc pas de démocratie possible en état de peur.
Par conséquent, l’enjeu permanent d’un état démocrate est de faciliter la pensée et son expression chez chacun de ces citoyens.
La fonction principale d’un dirigeant d’une démocratie n’est pas d’exercer un pouvoir susceptible de protéger ses concitoyens mais bien de garantir la capacité de penser à chacun.
La liberté, c’est le choix.
Un être humain qui a de moins en moins la capacité de choisir et de penser, qui est de plus en plus surveillé, contrôlé, pisté, diverti, angoissé et instrumentalisé n’a plus les moyens d’agir en citoyen.
Moins il y a de citoyens agissant en tant que tels et moins il y a de démocratie vivante.
Il est possible de témoigner qu’en France la démocratie se porte mal en dépit de réactions populaires salutaires et méprisées : manifestations de plus en plus violemment réprimées, Nuits debout aux acteurs expulsés, gilets jaunes avec des cahiers de doléances enterrés, une convention citoyenne aux propositions ignorées… Comment ne pas comprendre l’abstention constatée lors d’élections qui ne signifient plus rien pour des électeurs invités à participer à une démocratie juste formelle.
Ressaisissons-nous !
Méfions-nous des émotions collectives, des slogans, des fausses promesses, des leurres électoralistes et de ceux qui souhaitent nous protéger.
Osons la controverse.
Imposons nos thèmes de campagne.
Participons aux débats.
Exerçons notre raison.
Confrontons respectueusement nos arguments.
Ne donnons pas simplement notre voix, faisons-la entendre !
Redevenons responsables de notre vie et de notre démocratie.
Pour chaque citoyen qui ne pense plus, une flamme s’éteint.
Après chaque flamme éteinte, la Nuit s’avance.
Et c’est pendant la Nuit que surviennent les cauchemars !
Willerval, auteur
Luc Szczepaniak
Les lumières et la nuit. (mars 2022)